La vie et le travail.

Ce site est en construction, j'essaye d'y remplir petit à petit le passé tout en y racontant le présent.

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30.04

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J’écris régulièrement ici mais je n’ose pas publier. Je laisse tout en brouillon et je ferme mon éditeur sans uploader les fichiers sur mon serveur.

Ce matin je me suis rappelée que j’avais créé cet espace pour écrire et parler de ce que je fais. Je peux me permettre de faire ça parce que je ne suis pas sur un réseau social. Les gens qui lisent ce qui est ici viennent pour lire ce qui est ici. Pour venir ici, iels ont cliqué.

Ce que j’écris n’apparaît pas sur leur écran de manière non sollicitée, ce que je montre n’est pas amené par un algorithme.

Je peux écrire et montrer ce que je veux, je n’impose rien à personne.

Tout n’est pas obligé d’être fini.

Tout n’est pas obligé d’être utile.

29.04

Je fais beaucoup de jardin en ce moment.

Le printemps a fait pousser haut les herbes et les fleurs et il faut que je les tonde. La tondeuse bourre et je dois la vider souvent. Quand je finis de tondre, j’ai le visage tout rouge. Je me dis qu’il faut que je tonde plus souvent, pour que tout soit moins haut, mais si tout est moins haut, il y a moins de fleurs, de graines et d’animaux.

Je crois que je tonds surtout parce que nous sommes en location et que ce n’est pas mon jardin. Si c’était mon jardin, il serait beaucoup moins tondu. C’est triste de tondre juste parce que j’ai peur de me faire gronder.

J’ai failli couper un orvet en deux. Je ne me le serais pas pardonné. Il a surgi de sous ma tondeuse, je l’ai filé jusqu’à chez lui et j’ai établi un périmètre de sécurité d’herbes hautes tout autour. J’avais oublié jusqu’à aujourd’hui de mettre les orvets dans mon top d’animaux préférés.

Je porte le bleu de travail que je me suis cousu et de grandes bottes marrons qui font sérieux. J’ai des gants trop grands pour moi parce qu’il semblerait qu’au supermarché, seuls les hommes aux grandes mains ont besoin de gants “gros travaux”. Je ressemble à Mickey Mouse au jardin.

Je pousse la tondeuse, je dégage des parcelles, je porte des grosses pierres, je monte le composteur, je fabrique un talus. Je plante des capucines pour couvrir, du basilique et de la coriandre qu’on a trouvés au Café des possibles.

J’ai trouvé un nid de perles blanches sous la terre, ce sont des oeufs d’escargots. Je les ai recouverts doucement.

Quand je m’arrête parce que mon dos tire trop ou que je ne suis plus assez concentrée, je prends une douche et je m’installe au soleil pour boire du jus de fraise.

J’ai revu l’orvet, il va bien.

Je retrouve le plaisir d’avoir utilisé mon corps entier pour travailler. Le soir, le canapé redevient confortable.

22.04

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C’était le jour du premier Club Informatique 35 à la Maison de la Poésie.

On ne savait pas trop qui attendre, beaucoup de gens avaient réagi à la story de Valentin et avaient envie de venir, mais tous ces gens n’étaient pas disponibles ce jour-là.

Finalement, Quentin et Thomas sont venus.

On a monté le club avec Valentin, après avoir découvert le forum de MelonLand. On a eu envie d’accompagner les gens pour qu’iels puissent se réapproprier internet, construire leurs propres espaces et retrouver des communautés hors des réseaux sociaux.

L’idée du club c’est de construire une plate-forme qui contient des ressources en français, des textes à propos d’internet et du web revival et des outils pour fabriquer plus facilement son propre site.

L’idée du club c’est de se réunir aussi dans la vraie vie, pour l’instant à peu près une fois par mois. On y propose des ateliers pour rendre accessible le code, on y donne les bases qui permettent de fabriquer un site facilement, on y accompagne les projets de chacun·e en pratique et on y parle du web indépendant, de tout ce qui existe en-dehors des grandes entreprises qui ont rendu internet fermé, algorithmé, payant, exploitant, paternalisant, écrasant.

L’idée du club, c’est, comme l’a dit Thomas, de “faire de l’ordinateur ensemble”. Dans la vraie vie.

14.04

Un renard a traversé devant ma voiture pendant que je rentrais chez moi. Il s’est assis au milieu de la route pour se gratter, je me suis arrêtée.

Le renard a fini de se gratter, j’ai redémarré, le renard a suivi la voiture jusqu’à la maison. Je suis sortie de la voiture et le renard s’est assis devant le portail sans me regarder.

Il faisait comme si je n’étais pas là et je faisais comme s’il n’était pas là et je me demandais si lui aussi faisait ça pour ne pas m’effrayer.

Il est reparti le long du chemin faire ses trucs de renard et je suis rentrée dans ma maison faire mes trucs d’humain.

J’espère qu’on se recroisera.

4.04

🖉

J’ai dit que je ne savais pas sur quoi écrire, mais il reste quand même des textes à faire.

J’étais devant mon ordinateur qui est l’outil le plus efficace pour écrire, parce que le clavier va assez vite pour suivre la pensée et que c’est plus facile d’effacer les phrases qui ne vont nulle part. Mon ordinateur est dans le bureau, il est face à un mur qui est confortable l’hiver. Mais quand il fait beau, la fenêtre est dans mon dos et la fenêtre m’empêche d’écrire. Je me lève tout le temps pour aller voir dehors et je trouve injuste d’être assise à l’ordinateur.

J’ai pris un paquet de copies-doubles petits carreaux et un stylo bic noir avec moi sur la terrasse. Je n’ai pas encore de meubles pour le jardin, juste deux chaises en plastique noir, alors j’ai pris une grande BD pour caler les copies-doubles et j’ai commencé à écrire mon article pour Immersion, dont le thème est “Châteaux”. J’avais déjà fait des schémas de pensée et deux brouillons qui n’allaient pas très loin, qui avaient beaucoup de phrases qui ne se finissaient jamais et plusieurs blagues d’auto-apitoiement. Je n’avais pas beaucoup d’espoir pour cette séance d’écriture mais au moins je profitais du dehors et donc si ça ratait, tout n’était pas gâché.

J’ai écrit mon article en trois heures sur la terrasse. Ça faisait très longtemps que je n’avais pas écrit d’une si grande traite. Bien sûr, il fallait réécrire en mieux. Je l’ai retapé à l’ordinateur, plus tard quand il pleuvait, je l’ai imprimé et j’ai revu toute la structure, j’ai inversé beaucoup de choses et j’en ai enlevé d’autres. Tout sortir de ma tête, c’est l’étape qui m’angoisse le plus, parce que je ne fais confiance ni à ma tête ni à mon écriture et là, tout était passé crème, avec la terrasse et le soleil, sur des copies-doubles au bic noir. Maintenant, ciseler les choses, les remodeler, les élaguer et les épurer, c’est ce que j’aime et ça ne me fait pas peur.

31.03

🖉

J’ai dit à Elsa que je ne savais plus sur quoi écrire. Pourquoi pas écrire mais quoi.

Elsa sait sur quoi écrire. Elle a écrit deux manuscrits en même temps ces derniers mois. Un qui est rigolo et l’autre pas. J’admire Elsa parce qu’elle sait sur quoi écrire, même si souvent elle a l’air encore plus amère que moi sur l’écriture.

Avec Elsa nous avons discuté de ce sur quoi je pourrai écrire, assises sur la terrasse au soleil. Récemment j’ai lu trois livres1 qui n’étaient pas de la fiction et pas des essais non plus. C’étaient des écrivain·es qui s’étaient donné un champ de recherche et qui avaient raconté ce qu’iels avaient trouvé, sans prétention scientifique ou presque. J’aimerais bien me trouver un sujet de recherche comme ça. Ça a l’air confortable, de circonscrire un champ et de fouiller dedans. Ça évite de partir trop loin, on voit bien les limites et les frontières. On sait mieux où chercher. Comme quand un·e botaniste délimite une zone de terrain et fait un inventaire de tout ce qui s’y trouve. Ça évite d’avoir à inventer, aussi.

J’ai du mal à inventer ces derniers temps. L’invention me dégoûte un peu, c’est un sentiment bizarre que je ne saurais pas décrire autrement. Je passe mon temps à reproduire des choses. Ça me réconforte. J’en avais discuté avec Camille, qui, pour passer du temps à dessiner sans se demander quoi ni comment, redessine des choses faites par d’autres. Juste pour le geste. Juste pour faire.

Avec Elsa nous avons discuté du sujet de la thèse qu’elle aimerait faire. Elle a passé des coups de fil et envoyé des mails pour essayer d’avoir un financement. Elsa aimerait faire une thèse pour avoir du temps et de l’argent pour écrire sur son sujet, qui est la célébration funéraire en littérature, pour le dire très grossièrement. En marchant dans la forêt, nous avons essayé de trouver des punchlines un peu rigolotes pour son intitulé. C’est dur de rendre rigolo un sujet de thèse.

Avec Elsa nous sommes retournées sur la terrasse au soleil et nous avons fait des perles, comme quand on avait dix ans. J’ai sorti la grosse boîte en bois que m’avait fabriqué mon grand-père, avec une case pour chaque couleur de perle. J’étais contente d’utiliser la boîte et de retrouver le livre sur les perles de quand j’étais enfant avec des annotations dans une écriture qui n’est plus la mienne. Nous avons enfilé des perles au soleil, je me suis fait un bracelet avec des fleurs de toutes les couleurs, Elsa a fait un poisson rayé et ça a suffit pour que les problèmes d’écriture n’aient plus aucune importance.

J’espère que les perles marcheront encore quand Elsa sera repartie.

  1. Le Livre de la Bathypshère, Brad Fox, Éditions du sous-sol, Paris, 2024 (offert par Alix) / Le musée de la baleine (que vous ne verrez jamais), A. Kendra Greene, éd. Marchialy, Paris, 2023 (offert par Elsa) / Bonampak, Lætitia Bianchi, éd. Verticales, Paris, 2025. 

27.03

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Toute cette flotte raconte l’édition 2024 du festival de performance Setu.

Il vient d’être publié sur le site du festival.

J’ai adoré toutes les étapes de ce travail, le festival d’abord, l’ambiance et les performances, participer de manière presqu’invisible, prendre des notes sur mon très petit carnet, et les redéployer ensuite, performance après performance, pour en faire un récit.

J’espère que ceratines de ces phrases pourront être utiles aux artistes, ou au moins leur faire plaisir.

Merci à la team Setu pour l’invitation et la confiance qu’iels m’ont accordée !

19.03

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Je me demande ce que c’est que le travail.

Estelle a donné à Léo huit pieds de framboisiers. Je les ai plantés après un douloureux combat contre la potentille.

Camille m’a donné une recette de légumes lacto-fermentés. Rachid m’a donné une botte de carotte supplémentaire quand je lui ai partagé la recette. J’ai fait quatre bocaux de petite salade de légumes frais.

Je trouve du plaisir dans ces activités. Mais si je devais vraiment choisir ce que j’ai envie de faire, je lirais sûrement un livre, je jouerais aux jeux vidéo, je ferais du puzzle, je tricoterais. Je fais ces activités parce qu’elles subviendront plus tard à certains besoins, je les fais pour moi et pour celleux qui vivent avec moi. Est-ce que c’est du travail ? Quelqu’un·e qui passe la majorité de son temps à faire un travail qui ne lui plaît pas, pour subvenir à ses propres besoins, me dirait sûrement non, et je comprendrais. Mais est-ce que c’est normal que la majorité des gens passent la majorité de leur temps à faire un travail qui ne leur plaît pas ?

Il y a plein de belles fleurs sauvages dans le jardin. J’aimerais les peindre à la gouache pour faire un herbier pour Isée. Est-ce que ce serait du travail ?

Mon travail consiste en : fabriquer des choses. Planter des framboisiers, faire des bocaux de légumes, peindre un herbier ne font pas avancer l’écriture de livres ou le développement de sites internet. Pourtant, ça fabrique des choses. Je ne suis pas obligée de fabriquer ces choses. Mais je ne suis pas obligée d’écrire des livres non plus. Aucune de ces activités ne me rapporte assez d’argent pour en vivre. Il y en a certaines qui sont juste - un peu - plus considérées par les autres.

J’ai mis en pause l’écriture savonneuse du livre pour enfant pour réaliser deux projets. J’ai bien fait attention d’écrire le plus gros chapitre, l’avant-dernier, avant de mettre l’écriture en pause, pour que la reprise soit plus simple après. Il ne reste pas beaucoup à écrire pour ce livre, mais beaucoup de morceaux sont à réécrire parce qu’ils ont été compliqués à mettre en place.

Les deux projets sont :

  • Une participation au Surf Club Guides E-Zine #3 du MelonLand project avec Valentin. Le thème c’est le kitsch et on écrit un guide pour broder des pixels. Valentin a fait un magicien en canevas et j’ai fait un chien qui aboie en point de croix. Ce projet est sûrement le début d’un plus gros projet avec Valentin qui s’appellerait Le Club informatique.
  • Un article pour le futur numéro d’Immersion sur les châteaux. C’est un gros texte de 20 000 signes et je ne sais pas encore jusqu’où ça va aller, mais ça parlera de passages secrets.

Maintenant, je vais aller récolter du jonc et faire des câpres de boutons de pissenlit. Comme je ne sais toujours pas ce qu’est le travail, je classe cet article dans le travail et dans pas le travail.

Un chien au point de croix Le chien du Surf Club Guides E-Zine

18.03

🖳 🖉

J’ai retrouvé Pour l’instant c’est provisoire. Il était juste mal rangé.

Si je ne l’avais pas presque perdu, je ne l’aurais pas reconstruit. Merci le cosmos. Et maintenant que je l’ai retrouvé, ça sera plus simple pour le remplir.

J’ai retrouvé ça aussi, dans le même dossier obscur. C’est un petit truc que j’ai fait en 2018 quand j’ai commencé mes recherches pour Le Bruit des Étoiles et que j’avais totalement oublié. Peut-être que ça m’a servi à quelque chose à un moment.

15.03

Aucun changement dans ma vie n’a représenté davantage la daronnade que l’achat aujourd’hui d’un filet de badmington pour le jardin. J’ai l’impression d’être les parents de mes potes de vacances.